Au Royaume-Uni, l'ex-ministre des finances Nigel Lawson pour une sortie de l'UE
Le Monde.fr | • Mis à jour leIl est des propos qui entrent dans l'histoire. L'ex-chancelier de l'Echiquier (ministre des finances) britannique, Nigel Lawson, est un récidiviste en la matière. En se déclarant le 6 mai en faveur d'une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, celui qui fut l'architecte du thatchérisme entre 1983 et 1989 et surtout un europhile historique, se démarque du Premier ministre conservateur, David Cameron, et de ses efforts en vue de renégocier les termes de l'adhésion de son pays.
En janvier, David Cameron avait promis un référendum pour le maintien ou non du Royaume-Uni dans l'UE au plus tard en 2017. Mais entre temps, le parti conservateur a subi un grave revers électoral lors du scrutin local du 2 mai au profit du Parti de l'indépendance du Royaume-Uni, l'UKIP, formation anti-européenne dirigée par Nigel Farage. A écouter l'ex-grand argentier, la tentative de l'hôte du 10 Downing Street d'obtenir des concessions de ses partenaires européens en renégociant les conditions de participation de son pays est vouée à l'échec. Vu les "résultats insignifiants" de l'exercice, M. Lawson préconise de lâcher une fois pour toutes les amarres après quarante ans d'ancrage à la construction européenne.
HUMILIATION NATIONALE
"De mon point de vue, les gains économiques compenseraient de manière substantielle les pertes", écrit l'ancien politicien tory, pour qui la priorité doit être de protéger la City des réglementations communautaires. L'intervention de Nigel Lawson, 81 ans, est surprenante. Sa tribune libre dans le Times est symbolique du durcissement anti européen d'une partie de l'élite tory. En effet, en octobre 1989, Nigel Lawson avait brutalement claqué la porte du gouvernement Thatcher en raison du refus de la "Dame de fer" de permettre à la livre sterling de rejoindrele système monétaire européen. Le conseiller économique du 10 Downing Street,Alan Walters, monétariste convaincu, avait estimé que le SME était "mal ficelé".
M. Lawson passait pour un pro-européen, comme en témoigne son soutien au marché unique européen et à l'ancrage de la livre au deutschemark entre 1987 et 1990. Conjuguée à la démission d'un autre europhile, Geoffrey Howe, le départ de Lawson avait précipité la chute, un an plus tard, de Mme Thatcher. John Major, le successeur de Nigel Lawson aux finances et futur Premier ministre, avait faitentrer la livre dans le SME en octobre 1990. Mais lors du mercredi noir du 16 septembre 1992, la monnaie britannique avait été contrainte de quitter le mécanisme de change. La livre avait été alors la victime des paris du spéculateurGeorge Soros. Cette humiliation nationale avait traumatisé Nigel Lawson, pour qui la Bundesbank en jouant contre la livre, avait trahi sa confiance.
LA CITY PLUS DIVISÉE QUE JAMAIS
Après avoir quitté l'équipe ministérielle, il avait pantouflé dans la City, commeconseiller de la banque Barclays. La sortie de Lord Lawson ne manquera pas derenforcer le camp des anti-européens au sein d'une City plus que jamais divisée sur les avantages de rester au sien de l'UE. La Corporation of the City of London, l'organisme de gestion de la première place financière européenne, est favorable au maintien du statu quo, par crainte de l'isolement du Royaume-Uni. D'autres, en revanche, estiment que Londres est un centre financier planétaire qui souffre des restrictions imposées par la participation à l'Union européenne. A l'instar du contrôle des bonus, de la future taxe sur les transactions ou de la réglementation des hedge funds.
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